municipales 2014 : une campagne sans campagne, en l'absence de débat. A Lyon, seulement à Lyon ?

Constat ennuyé cette semaine d'un ami journaliste, correspondant à Lyon d'une chaîne privée nationale TV  : "Le bureau national m'a demandé un sujet sur les élections à Lyon. Lequel choisir ? Rien ne fait débat. Aucun sujet n'est porté de manière spécifique par l'un ou l'autre candidat. Nous nous sommes échinés à chercher un point d'accroche. Le résultat : une maigre divergence sur le tracé d'une lointaine et hypothétique future ligne de métro. Pas de quoi débattre longuement. Du coup, on m'envoie couvrir les élections dans une ville du Sud..." 

Comme si les jeux étaient déjà faits, comme si les règles adoptées par chacun avaient fait l'objet d'un gentleman agreement, d'un pacte de non-agression (ce qui est fort possible, au demeurant). Se refuser à attaquer le bilan du mandat - et encore moins l'homme - du maire sortant, comme en a décidé son challenger - qui a tout aussi nettement refusé la venue à Lyon d'un ténor de son propre parti, ce "soutien" représentant pour lui davantage un handicap qu'un atout - est une attitude des plus louables. Le respect y gagne, certes, mais sans confrontation, comment se détermineront les citoyens ? Comment peser l'alternative ? Les réunions publiques ? Elles attirent majoritairement un public de convainus, si ce n'est de partisans. Les tracts ? Quel crédit leur apporter ? 

D'un excès d'agressivité, on tombe alors dans l'autre excès : celui de l'absence de débat faute de débatteurs. Comme si le débat, dès lors que l'on en évacuait la dérive agressive, ne pouvait chez nous, Français, que tourner à vide... 

Pourtant, l'entre-deux existe, et s'impose en période électorale : le débat d'idées, sur les mille unes manières de gérer la ville, de vivre la ville, de faire société en ville, de résoudre des problèmes actuels, d'anticiper les sujet à venir.

Si le scrutin réputé le plus proche de notre vie d'électeur en arrive à ne niveau d'encéphalogramme plat, que peut-on espérer du scrutin européen de juin, fort éloigné des préoccupations la plupart de nos contemporains : un silence comateux ?